29 mai 2014

Le visa H4 // Retour vers le futur



Je suis dépendante de Lionel, alias mon mari, pour beaucoup de choses, à tel point qu’avant de partir pour les Etats-Unis, j’ai décidé de prendre son nom. Pour l'obtention du visa, ça a été d'une grande aide. Retour un peu brutal et inattendu vers les années 50, où je m’occupe de la maison toute la journée et fais les courses, sa carte bancaire à la main. 




 J’ai pu lire sur plusieurs sites internet l’expression H4 burden ou une variante que j’aime bien : la malédiction H4.  Ca fait très film d’horreur. Alors de quoi parle-t-on ici ?

Le visa H4 est celui qu’obtient la famille, les dépendants comme on dit dans le jargon administratif, du titulaire d’un visa H1B. Un petit tour sur Wikipedia pour plus d'informations sur les différents types de visas pour les Etats-Unis. Pour récapituler, ce visa ne permet pas :


D'avoir de social security number 

 
Comme son nom ne l’indique pas, ce numéro sert d’identification et n’a rien à voir avec ce que nous entendons par « sécurité sociale ». Il est utilisé pour les taxes et est demandé au moment de la location d’un appartement, de la paperasse à remplir pour l’achat d’une voiture, de l’ouverture d’un compte bancaire, bref,  la plupart des aspects de la vie de tous les jours. Point de tout ça pour le titulaire du visa H4. La législation autorise néanmoins le H4 à ouvrir un compte bancaire sans SSN, mais il s’agit peut-être d’une pointe d’humour de l’administration, dans la mesure où un H4 ne peut pas l’alimenter régulièrement (voir le point suivant) à moins de recevoir des dons réguliers. En gros, il m’est impossible de prendre et de finaliser des décisions importantes pour le ménage. Je peux conduire (wouhou !) mais pour tout le reste, c’est monsieur qui porte la culotte, je ne suis pratiquement plus une personne à part entière. 

Exemple concret : un numéro de sécurité sociale est nécéssaire pour souscrire à des forfaits de téléphones portables. Mon forfait est donc au nom de Lionel et chaque fois que j'appelle le service client pour des problèmes (et ça arrive souvent ... ), l'opératrice me met en attente le temps d'appeler Lionel pour qu'il confirme qu'il est bien lui et surtout qu'il m'autorise à faire des modifications sur nos forfaits. Après quoi, elle peut répondre à une question. Même si j'ai sa carte de sécu sous les yeux, ça ne suffit pas.  Bienvenue dans les années 50.




De travailler 


Le gros point noir. Les accompagnants de la plupart des autres types de visas  - J et E notamment – peuvent demander une autorisation de travail s’ils prouvent que le ménage n’a pas besoin de cet argent pour se maintenir à flots (véridique). Pour le H4, aucune possibilité de travailler, à moins tout simplement de changer de visa. Une lueur au bout du tunnel tout de même, puisque le H4 est autorisé à travailler à partir du moment où l’entreprise qui emploie le principal appliant (le H1B) est avancée dans les démarches pour faire obtenir la carte verte à son employé et à sa famille. Ce processus démarre en général à l’issu de deux visas H1B (le maximum autorisé) soit … au bout de 6 ans. En découle la dépendance financière, à moins d’avoir débarqué chez l’Oncle Sam avec un gros pactole sous le bras.

Cette interdiction me laisse preplexe. Le travail est une bonne façon de s'insérer dans la société et de faire des rencontres (bizarrement, je croise peu de monde dans mon salon ... ). Je reste persuadée que beaucoup d'expatriations de H1B malheureuses (parce que ça existe) auraient pû être un succès si le conjoint avait été autorisé à travailler, même à mi-temps. Ou si elles n'étaient pas râtées, les expatriations auraient pû être de plus longue durée. Un visa H1B est couteux pour une entreprise. Quand je vois combien celle de Lionel a dépensé pour l'avoir, j'ai du mal à comprendre qu'une boîte fasse toutes ces démarches et dépense tout cet argent pour un employé qu'elle ne va garder peut-être que quelques années parce que son +1 s'ennuie.

Et justement, pour lutter contre l'ennui, le bénévolat est une option. Beaucoup de structures aux Etatas-Unis s'appuyent sur le bénévolat. Associations, organisation d'événements mais aussi écoles, parcs, bibliothèques. Les opportunités ne manquent pas, il n'y a qu'à faire son choix.




Voilà qui met un sérieux coup à l’image très romancée de terre d’accueil qu’on peut avoir des Etats-Unis, et que j’avais aussi un peu avant de m’y installer. L’immigration a beau être à la base de l’histoire de ce pays, s’y expatrier reste difficile.

Nous ne comptons pas nous établir durablement en Californie, c’est pourquoi je préfère voir cette période comme une parenthèse de glande dans ma vie. Je comprends néanmoins le désespoir de celles et ceux qui veulent s’y installer définitivement et doivent passer par cette période d’inactivité malgré un cursus parfois important.

Il ne me reste plus qu’à potasser le guide de la femme au foyer parfaite :




5 commentaires:

  1. A good wife always knows her place...tiens je vais dire ça à la Marie pour voir si elle me met un coup de boule

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  2. FJ : Génial !! ... Bon, ça va bien là : Reviens ! ... vite !!!

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    1. Merci ! Bientôt, bientôt ! Dans quelques mois, tu verras, ça passera vite !

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  3. Ben tu sais, ça sert aussi à cela un mari! Bisous de Kachel!

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