29 déc. 2014

Dis Tonton, pourquoi t'es gros ?

Difficile de ne pas associer les Etats-Unis et l'obésité. Même si la Californie n'est pas la région la plus touchée et qu'il est possible d'avoir accès à des fruits et légumes, le nombre de personnes corpulentes est quand même important. Après plusieurs mois sur place, j'ai quelques idées sur les raisons de l'embonpoint de l'Amérique.





Les aliments



Le prix

La Californie est un état ensoleilé : tout y pousse. On peut facilement avoir accès à une grande variété de fruits et légumes. Mais à quel prix ? Les produits frais sont très chèrs et bien souvent sortir diner au fastfood est beaucoup plus économique que d'acheter de quoi se préparer un plat équilibré. À deux au In-N-Out, on mange pour moins de 8$. Quasiment imbattable. Le calcul est vite fait.



La qualité

Au niveau qualité aussi, ça pêche. Si on n'y prête pas attention, on peut facilement se retrouver à consommer du lait de vaches traitées aux hormones de croissance et antibiotiques, des légumes aux OGM, de la farine enrichie et blanchie, etc... Bref, il faut être vigilant au moment de ses achats, bien lire les étiquettes parce que le logo "Organic" ne suffit pas toujours à garantir la qualité. Souvent, les personnes à qui je dis que les produits de base sont différents lèvent les sourcils ou esquissent un sourir. Pourtant c'est bien vrai. J'ai dû réadapter la grande majorité de mes recettes (surtout en pâtisserie) pour obtenir des résultats satisfaisants, parce que simplement faire mes recettes faites 100 fois en France. ça ne marchait pas. Un cheesecake à la ricotta en France ? Délicieux, relativement proche de ceux de la Cheesecake Factory. Ici, avec la même marque de ricotta ? Dégoûtant, j'ai tout jeté.



Les plats préparés

Les supermarchés regorgent de plats tout prêts, fraîs ou congelés, à réchauffer au micro-onde. Or bien souvent, ces plats sont bourrés d'aditifs, de corn syrup. Le goût sucré est omniprésent dans la nourriture industrielle, et le sucre, c'est le mal.



Les fast food

Le nombre de chaînes différentes est incalculable, mais grosso modo, chaque coin de rue à son KFC, Mac Donald, Taco Bell, Denny's ou Wendy's (ce qui explique aussi pourquoi j'avais tellement de mal à me repérer en arrivant).



Les quantités

Que ce soit au restaurant ou dans les magasins, les quantités de nourriture sont impressionnantes. Les entrées à The Yard House ont la taille d'un plat principal. Même si ce n'est pas intentionnel, quand on nous sert plus, on a tendance à manger plus. Et si on ne finit pas son assiette au restaurant, on peut emmener ses restes dans un doggy bag, pour plus tard. Idem avec les achats en supermarchés conditionnés en grandes quantités. L'un dans l'autre, on finit par manger plus.





Les boissons

Les américains se baladent souvent avec un goblet à la main, qui provient généralement d'un Starbucks. Et il s'agit rarement de café noir sans sucre. Beaucoup de calories sont consommées à travers ce genre de boissons pimpées aux sucres exotiques et crèmes aromatisées. Il n'y a qu'à faire un tour sur le site internet de la célèbre chaîne pour s'en convaincre : 200 à plus de 400 calories par boisson. Commandé dans un restaurant, un verre de soda peut friser le demi-litre et même le dépasser. Et avec le free refill, on finit par engloutir des quantités peu raisonnables de boissons sucrées.



La décontraction

Niveau nourriture, les américains sont très décomplexés. J'avais lu quelque part quelqu'un qui les décrivait comme des enfants de 5 ans laissés seuls dans une cuisine. Ce n'est pas faux. Il ne semble pas vraiment avoir de limite dans la mise au point de quelque chose de bon à manger : Oreo ou cheesecakes enrobés de pâte à beignets et frits, sandwichs gaufres-poulet (un classique), cheesecake recouvert de caramel, de cacahuètes, et de grosso modo tout ce qui vous tombe sous la main....C'est assez gerbique parfois.



Les étiquettes

Les étiquettes de produits alimentaire font partie de ma littérature préférée. Que ce soit pour prendre connaissance des ingrédients ou pour lire les informations nutritionnelles et me dire que ça va, c'est pas si terrible que ça (méthode coué, mais bizarrement, ne fonctionne pas super bien sur la nourriture).  Le détail qui change tout : le petit tableau un peu chiant qui décortique la pitance ne s'applique pas à 100gr mais à une portion dont la taille est variable. 100 à 150gr pour un steack, 15gr pour du beurre de cacahuète, 120gr pour un yaourt, etc... Pour me donner bonne conscience, je tente de vagues calculs mentaux pour avoir une idée tout aussi vague de l'apport énergétique pour 100gr mais le calcul n'a jamais été mon fort. Cette manière de présenter l'information ne la rend pas super accessible à mon goût.




Le mode de vie



La sédentarité

Dans la Bay Area, rien ne peut se faire sans voiture. Marcher est une des choses qui me manque le plus. Autant trimballer ses sachets de courses n'est pas ce qu'il y a de plus pratique, autant tuer une après-midi en se promenant le nez au vent dans une jolie ville est très agréable. Ici, il faudrait prendre la voiture pour se rendre à un endroit charmant. Globalement, la vie n'est pas organisée autour des piétons mais pour la voiture. Traverser la route peut être un vrai défi. Attendre 5 minutes que le bonhomme clignotte et bien faire attention aux voitures qui tournent à droite au feu rouge. Ça, c'est dans le cas le plus optimiste où il y a un feu pour les piétons et un trottoir. La réalité n'est pas toujours aussi idyllique. Marcher ici est clairement un truc d'europeén. Ou de clochard. Voilà qui limite les possibilités d'activité phyisque, parce que non, rentrer et sortir de sa voiture n'est pas un sport.



Sollicitation constante

Les odeurs de nourriture sont très présentes au quotidien, la tentation de s'acheter un petit quelque chose à manger, quasi-constante. Les rues regorgent de boui-boui qui font de la cuisine à emporter. En achetant ses livres à Barnes & Noble, il est possible de déguster une pâtisserie achetée au Starbucks situé à l'intérieur de la librairie (certainement construit pour mettre un terme aux nombreux cas d'hypoglycémie foudroyantes des clients). Une fois les courses à Costco finie, on peut s'acheter un hot dog, une pizza ou une glace au stand situé juste après les caisses. Manger est toujours possible. Comme dans ces restaurants qui vous servent n'importe quel plat à n'importe quelle heure de la journée, contrairement à la France où les horaires des cuisines sont beaucoup moins flexibles. Bonne ou mauvaise chose, je ne sais pas trop.



La fonction du repas

Paradoxalement, les américains ne prennent pas le temps de manger. Je le constate fréquemment quand nous mangeons à l'extérieur. J'en suis encore à machouiller que nos voisins de table, arrivés après nous sont déjà sur le départ. Manger n'est qu'une activité parmi d'autres, qui peut se faire rapidement, en marchant, devant son écran d'ordinateur, ou en voiture (comme ce type que nous avions doublé sur l'autoroute qui mangeait ses nouilles chinoises avec des baguettes tout en téléphonant et en conduisant. J'hésite entre la peur tétanisante et l'admiration.). Ils ne semblent pas voir ce moment comme un instant de détente où l'on peut prendre le temps de savourer ce qu'on a en bouche.



Les Etats-Unis ne sont pas les seuls à faire face à ce problème. Quelques cartes et données intéressantes sur l'obésité et le surpoids dans le monde.

9 commentaires:

  1. J'ai aussi entendu parler d'autre chose qui peut expliquer le surpoids : une de mes connaissances m'a raconté qu'à chaque fois que les copines de ses enfants venaient à la maison, ils se servaient sans sourciller dans les placards et dans le frigo à n'importe quelle heure...
    Mais bizarrement, on n'a pas tellement vu de gens en surpoids autour de chez nous. Je crois qu'à Pasadena, les gens faisaient énormément de sport et qu'ici à College Station, ils sont encore très jeunes et n'ont pas encore pris du poids :-)

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    1. Je ne connais pas la façon dont les américains éduquent leurs enfants vis à vis de la nourriture, merci pour cet éclairage !

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    2. Niveau education justement, j'avais lu qu'aux US, la nourriture etait plus souvent utilisee comme recompense ou punition. Du coup un rapport a la nourriture pas sain...
      J'ai aussi remarque que la classification des aliments (chez nous apprise au primaire) est une notion un peu inconnue chez eux... (genre, la patate c'est un legume...)

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    3. C'est très intéressant à savoir. J'avais entendu aussi que la pizza est considérée comme un légume (c'est bien connu qu'elles poussent sur des arbres à pizzas ).

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  2. Super Size Me. Je compte plus le nombre de personne qui m'ont demandé si j'ai grossis depuis que suis arrivé aux USA. Bah non. Il suffit de réfléchir. Parfois la tentation est grande mais pas vraiment différente de celle des boulangerie à gogo ou des gondoles aux caisses de supermarchés FR. Même combat.

    Après, le gras et le sucré, c'est pas cher. En bonus ici il mette le maïs à toutes les sauces...
    Les légumes et les laitages sont devenus hors de prix ici du fait de la sécheresse : pas de foin pour les vaches = pas de lait = faire venir de très loin = cher (et encore heureusement que l'essence est bon marché dans ce pays). Mais en faisant attention à trouver du local et saisonnier dans des petits farmer markets, on s'en sort pour pas si cher. Ca reste un effort comparer à la débauche d'easyfood on est bien d'accord :-)

    Perso je trouve pratique de pouvoir manger à petite dose mais plus régulièrement. Moins stressant.
    Les repas de 1h30/2h où finalement, tu attends 1h pour qu'on te servent avec un serveur qui fait limite la gueule, ça me manque pas. C'est peut être "faux", mais ils se retroussent les manches avec le sourire.

    Maintenant le mode de consommation et de dépense de calorie étant tellement différent de ce qu'on peut connaître en Europe, la transition est forcément douloureuse, surtout dans le sens Europe -> USA. On doit vraiment s'adapter.

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  3. Je suis d'accord avec toi, ils ont des palais d'enfant, tout est "easy to eat", c'est souvent sucré, gras, sous forme de chips (tu as vu les haricots verts frits à grignoter ?), le fromage n'a aucun goût, le vin est assez uniforme mais paradoxalement très correct.

    C'est ce que j'appelle des palais non-éduqués, qui ne peuvent pas appréciés la complexité, le plaisir doit être immédiat. Le rapport à la nourriture est différent, on mange pour se nourrir pour ne pas dire se remplir pas pour le plaisir.

    Bien sûr, il existe des exceptions, on trouve de beaux produits mais il faut fouiller, faire les farmer's markets, pour les vins profiter d'un resto pour découvrir. Vingt dieux tout n'est point perdu dans ce pays :)

    Et à l'extrême opposé, on a des fous du bio et de la nutrition qui vont faire très attention à ce qu'ils mangent, pas parce que c'est bon niveau goût mais parce que c'est bon pour la santé (d'ou la mode des smoothies, c'est pour manger ta portion de "green" facilement)

    La réflexion typique, m'a vu manger des myrtilles, une amie américaine m'a demandé si c'était pour ma peau car anti-oxydent, je lui ai répondu non parce que c'est bon. Je crois qu'elle a buggué :)

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    1. Hahaha, sympa l'anecdote sur les myrtilles :) Effectivement, il y a les deux opposés : ceux qui mangent n'importe quoi parce que c'est bon et ceux qui sont obnubilés par les qualités diététiques des aliments.

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  4. En arrivant ici, je m'attendais tellement à mal manger que j'ai été "contente" de trouver la nourriture pas si mauvaise/grasse/... (en même temps, on n'achète pas n'importe quoi) Mais après nos vacances en France, le retour est dur ! (c'est ça aussi de bien manger pendant les fêtes !)

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  5. Tu as tout bien résumé!!! parole de diet ;)

    Comme Stephanie, j'avais un peu peur en arrivant ici, mais c'est vrai qu'en faisant attention on peut manger "normalement".

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