"Un visa s'il vous plaît"

Pour avoir un visa pour les Etats-Unis, il faut passer par la case « rendez-vous à l’ambassade américaine à Paris ». Pour moi, c’était le 30 janvier.

Avoir un rendez-vous est déjà une petite victoire en soi, parce que faire une demande de visa pour les Etats-Unis, c’est une aventure. Voyage dans les méandres d’internet, sur tout un tas de sites qui ne délivrent qu’une partie des informations et dont certains ont une traduction française plus que douteuse.

En gros, avoir un rendez-vous signifie que vous avez :

• rempli l'interminable DS-160 en ligne qui m'a rendu tellement blonde que je croyais que je comprenais rien alors que si mais tout me semblait "pas clair"

• réussi à prendre une photo selon leurs critères improbables (merci Skype)

• payé les frais de visa à la Poste (même le guichetier trouvait ça bizarre)

• attendu que l’ambassade propose des horaires de rendez-vous décents, parce que débarquer à Paris à 8h quand on vient de Strasbourg n’est pas trop possible (surtout quand on n’a pas le droit d’entrer dans l’ambassade avec une valise, même sous le très bon prétexte qu’on a passé la nuit sur place pour être méga à l’heure).

• dans mon cas, attendu en s’arrachant les cheveux et en se rongeant les ongles jusqu’au sang impatiemment d’avoir enfin le dossier préparé avec soin par les avocats de la boite du petit mari. (mon premier paquet Fedex ! comme dans les films !)

• réservé les billets de train (en tablant sur un train qui arrive 2h30 avant l’heure du rendez-vous, SNCF oblige)  

L’ambassade se situe avenue Gabriel dans le 8^ème à deux pas des champs Elysées. Prendre le tube à Londres ou le métro à Stockholm ne me pose aucun problème mais bizarrement, dès qu’il est question du métro à Paris, j’ai des sueurs froides. Heureusement, j’ai voyagé en dehors des heures les plus chargées, tout s’est bien passé. Ma sœur, qui est trop trop choupinette, m’accompagnait.

Pas de photo de l’ambassade, c’est interdit comme me l’a gentillement fait remarquer un policier (sérieusement, il était très sympa). Voici une vue des alentours. Dommage qu’il fasse si gris, c’est plutôt joli.

Mon rendez-vous était fixé à 11H30. Je suis rentrée à 11h après avoir montré patte blanche (passeport et reçu de paiement de la poste) au 1^er poste de fouille et m’être fait entièrement vider le sac à l’entrée du bâtiment par des gardes toujours très sympa. On m’a confisqué tout un tas de choses très dangereuses : mon vieux téléphone portable et ma bouteille d’eau. 

Le bâtiment est très beau de l’extérieur et honnêtement, j’étais un peu déçue par l’intérieur. Je m’attendais à un décor un peu fastueux mais au lieu de ça, j’ai été agréablement surprise par le côté pratique de la chose. Il y a tout sur place pour l’inconscient qui est venu juste avec son passeport : photomaton, ordinateurs pour remplir le DS-160 et même distributeur d’enveloppe chonoposte. Comme pour les boissons sauf que dedans il y a des enveloppes chronopostes. J’étais tellement impressionnée que je crois avoir admiré la machine 5 bonnes minutes.

Une fois dans les lieux, on prend un ticket façon chez le boucher et on patiente en fixant un petit écran comme une furie en tachycardie en espérant ne pas rater le coche. Quand votre numéro apparaît, on se jette sur le guichet et on donne ses pièces et ses empreintes digitales à la personne derrière la vitre. Pour la 3^ème fois, on m’a fait remarquer que j’ai de très belles empreintes… La guichetière vous renvoit ensuite vous assoir en vous disant qu’on vous rappellera. Là, on passe à l’hypertension : sur l’écran les chiffres défilent sans aucun ordre (j’ai failli m’évanouir quand un type qui avait un numéro supérieur à moi est passé avant moi).

Finalement, après un long moment, j’ai fini par être appelée par l’officier consulaire pour l’entretien à proprement parler. Ca se passe debout, derrière une vitre. L’officier, qui ressemblait à une version XS de Oprah, parle français ou anglais. Pour moi c’était la langue de Shakespeare. Elle m’a posé des questions banales (« Où travaille votre mari ? », « Que fait sa boite ? », « Vous êtes mariés depuis quand ? ») et d’autres plus bizarres (« Vous avez fait une grosse cérémonie de mariage ? », « Quel est votre travail ? »). L’entretien se clôt quand elle annonce que le passeport vous reviendra sous 2 à 3 jours. Malgré mes insistances, ni elle ni la précédente guichetière n’a voulu de mon énorme dossier. Niet. Je n’ai même pas pu me débarrasser de mon certificat de mariage. Apparemment, porter le même nom leur suffit. Un grand merci donc aux avocats qui ont bossé un mois pour me préparer ce dossier. En une heure montre en main j'étais dehors.

En résumé, pas de quoi stresser (dixit la fille qui n'a pas fermé l'oeil de la nuit la veille). Et avec ça, même pas un ferrero rocher.