5 juin 2014

Devenir bénévole quand on ne peut pas travailler // plus dur que prévu

Ce n'est pas un secrêt, je suis bibliothécaire. Le côté associatif - bénévolat du métier tombe à pic pour l'expatriée interdite de travail que je suis. Rarement j'ai pû observer une telle concentration de bibliothèques : il y en a partout.  Même les plus petits patelins sont pourvus de structures confortables et bien entretenues. En voilà une belle opportunité pour garder le contact avec mon métier et voir comment ça se passe de l'autre côté de l'Atlantique. Et pourtant, la recherche d'une bibliothèque à qui offrir mes services s'est révellée beaucoup plus compliqué que prévu.




Tentative numéro 1 : une association francophone


J'avais eu des contacts avec cette association avant même de déménager pour des questions administratives et pratiques, et sans savoir qu'ils avaient une bibliothèque. Quand le responsable m'a proposé de m'en occuper, je trépignais de joie.

Les plus : le projet est très intéressant, dix minutes de trajet en voiture.

Les moins : une association francophone avec des membres français. Je ne peux pas m'empêcher de trouver dommage de fréquenter des français ici. Quand est-ce que je deviens bilingue ?



Tentative numéro 2 : une autre association francophone à San Francisco


Passer une journée par semaine à San Francisco avait un petit côté aventureux. J'aurais pû explorer des coins de la ville, dénicher des endroits sympa où déjeuner. Même les 3 heures de train aller-retour et la demi-heure de marche jusqu'à l'association ne me rebuttaient pas. 

C'était en théorie. En pratique, l'association se situe dans le pire quartier glauque de San Francisco, plein de drogués et de dealers. Sur le chemin, j'ai pratiquement dû enjamber un type couché sur le trottoir, endormi ou mort, personne autour ne semblait se poser la question. Le bibliothécaire en place a commencé par me dire de faire très attention à mes affaires parce qu'il arrive souvent que des drogués entrent et cherchent des objets à voler pour se payer leur prochain fix. "La semaine, dernière, j'ai dû en venir au main pour en faire sortit un". Ok. Qu'on soit d'accord, j'aime métier mais de là à me faire agresser pour lui, non. Sans façon merci.

Les plus : San Francisco. Beaucoup plus d'étrangers fréquentent cette association, à moi le multiculturalisme.

Les moins : ce quartier de San Francisco. Le trajet en train devient presque instantanément un obstacle. 



Tentative numéro 3 : la bibliothèque du quartier


Une des première chose que j'ai faite en arrivant ici était de m'inscrire dans la plus grande bibliothèque et de la visiter. Le moins qu'on puisse dire c'est qu'elle donne envie : spacieuse, confortable, avec vue sur un parc. Ni une ni deux, j'ai rempli le formulaire en ligne des amis de la bibliothèque (tout a des amis ici, les bibliothèques, les parcs, les musées, tout. Sauf moi.). Les amis de cette bibliothèque tiennent un stand de vente de livres d'occasion. Je dis stand, mais il s'agit plus d'une boutique en dur dans la bibliothèque. L'argent récolté sert à la bibliothèque. Tout un tas de postes de bénévoles était proposés, il n'y avait qu'à choisir. Certes on se rapproche plus de la librairie que de vraies tâches bibliothéconomiques, mais il faut savoir ouvrir ses horizons non ?

Les plus : le lectorat est très diversifié et nombreux, contact humain assuré !

Les moins : à ce jour, je n'ai toujours eu aucune réponse de leur part.



Tentative numéro 4 : la bibliothèque du jardin egypticien


En visitant le jardin egyptien de San José, un rien kitch, je suis tombée par hasard sur une bibliothèque. Plein de vieux livres et de la déco bizarre, elle sentait bon le papier rance. Des recherches sur internet m'ont apprises que cette bibliothèque était en manque de bénévole pour prendre soin des collections.

Les plus : je peux y aller à pied, c'est pas dingue ça ? J'ai toujours rêvé de travailler dans une pyramide.

Les moins : la bibliothèque et le parc où elle se trouve sont dédiés à la secte de l'Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix. D'après son site internet, la bibliothèque se consacre à la poursuite du savoir de l'Ordre de la Rose-Croix. Autant je ne veux pas me battre avec des dealers au nom de la bibliothéconomie, autant tourner mystico-sataniste qui sacrifie périodiquement des chats (rapport subtile au fait qu'il y a un vague lien avec les egyptiens) ne me tente pas non plus. Merci bien.



Tentative numéro 5 : la bibliothèque d'un centre tout neuf


Sur internet, il existe pas mal de sites qui recencent les différentes offres de bénévolat disponibles dans la région. Sur l'un d'entre eux, je suis tombée sur une offre passée par une bibliothèque neuve dans un centre lui même neuf. L'offre était alléchante, l'endroit organise beaucoup de soirées et rencontres avec des auteurs.

Les plus : un bâtiment neuf, beaucoup d'activités.

Les moins : le centre se nomme "Billy DeFranck Lesbian and Gay Community Center". Les américains prennent très au sérieux tous leurs engagements. Tous les bénévoles sont gays ou gayfriendly. Pas que je sois contre les gays, loin de là, mais être bibliothécaire ne me paraît pas suffisant comme critère pour être bénévole dans ce centre. Même si le "Drag Queen Bingo" du 3ème mercredi du mois est tenant, je passe mon tour.


Bilan


Je m'en tiens au numéro 1. Après des semaines de recherches, mes critères sont devenus beaucoup moins sélectifs. "Fréquenter des français serait trop dommage" est devenu "je veux parler à quelqu'un d'autre qu'un caissier de supermarché". Va pour les français.

2 commentaires:

  1. Ma pauvre! Tu vois bien que nous sommes les meilleurs! Cela restera une expérience,bonne chance! Bisous à vous deux! Aline.

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    1. Je ne dirais pas que nous sommes les meilleurs, c'est différent, voilà tout.

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