Ce n'est pas un secrêt, je suis
bibliothécaire. Le côté associatif - bénévolat du métier tombe à pic
pour l'expatriée interdite de travail que je suis. Rarement j'ai pû
observer une telle concentration de bibliothèques : il y en a partout.
Même les plus petits patelins sont pourvus de structures confortables et
bien entretenues. En voilà une belle opportunité pour garder le contact
avec mon métier et voir comment ça se passe de l'autre côté de
l'Atlantique. Et pourtant, la recherche d'une bibliothèque à qui offrir
mes services s'est révellée beaucoup plus compliqué que prévu.
Tentative numéro 1 : une association francophone
J'avais
eu des contacts avec cette association avant même de déménager pour des questions
administratives et pratiques, et sans
savoir qu'ils avaient une bibliothèque. Quand le responsable m'a proposé de m'en
occuper, je trépignais de joie.
Les plus : le projet est très intéressant, dix minutes de trajet en voiture.
Les
moins : une association francophone avec des membres français. Je ne peux pas
m'empêcher de trouver dommage de fréquenter des français ici. Quand est-ce que je deviens bilingue ?
Tentative numéro 2 : une autre association francophone à San Francisco
Passer
une journée par semaine à San Francisco avait un petit côté aventureux.
J'aurais pû explorer des coins de la ville, dénicher des endroits sympa
où déjeuner. Même les 3 heures de train aller-retour et la demi-heure de marche
jusqu'à l'association ne me rebuttaient pas.
C'était
en théorie. En pratique, l'association se situe dans le pire quartier
glauque de San Francisco, plein de drogués et de dealers. Sur le chemin,
j'ai pratiquement dû enjamber un type couché sur le trottoir, endormi ou
mort, personne autour ne semblait se poser la question. Le
bibliothécaire en place a commencé par me dire de faire très attention à
mes affaires parce qu'il arrive souvent que des drogués entrent et
cherchent des objets à voler pour se payer leur prochain fix. "La
semaine, dernière, j'ai dû en venir au main pour en faire sortit un".
Ok. Qu'on soit d'accord, j'aime métier mais de là à me faire agresser
pour lui, non. Sans façon merci.
Les plus : San Francisco. Beaucoup plus d'étrangers fréquentent cette association, à moi le multiculturalisme.
Les moins : ce quartier de San Francisco. Le trajet en train devient presque instantanément un obstacle.
Tentative numéro 3 : la bibliothèque du quartier
Une
des première chose que j'ai faite en arrivant ici était de m'inscrire
dans la plus grande bibliothèque et de la visiter. Le moins qu'on puisse
dire c'est qu'elle donne envie : spacieuse, confortable, avec vue sur
un parc. Ni une ni deux, j'ai rempli le formulaire en ligne des amis de
la bibliothèque (tout a des amis ici, les bibliothèques, les parcs, les
musées, tout. Sauf moi.). Les amis de cette bibliothèque tiennent un
stand de vente de livres d'occasion. Je dis stand, mais il s'agit plus
d'une boutique en dur dans la bibliothèque. L'argent récolté sert à la
bibliothèque. Tout un tas de postes de bénévoles était proposés, il n'y
avait qu'à choisir. Certes on se rapproche plus de la librairie que de
vraies tâches bibliothéconomiques, mais il faut savoir ouvrir ses
horizons non ?
Les plus : le lectorat est très diversifié et nombreux, contact humain assuré !
Les moins : à ce jour, je n'ai toujours eu aucune réponse de leur part.
Tentative numéro 4 : la bibliothèque du jardin egypticien
En
visitant le jardin egyptien de San José, un rien kitch, je suis tombée
par hasard sur une bibliothèque. Plein de vieux livres et de la déco
bizarre, elle sentait bon le papier rance. Des recherches sur internet
m'ont apprises que cette bibliothèque était en manque de bénévole pour
prendre soin des collections.
Les plus : je peux y aller à pied, c'est pas dingue ça ? J'ai toujours rêvé de travailler dans une pyramide.
Les
moins : la bibliothèque et le parc où elle se trouve sont dédiés à la
secte de l'Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix. D'après son site
internet, la bibliothèque se consacre à la poursuite du savoir de l'Ordre
de la Rose-Croix. Autant je ne veux pas me battre avec des dealers au
nom de la bibliothéconomie, autant tourner mystico-sataniste qui
sacrifie périodiquement des chats (rapport subtile au fait qu'il y a un
vague lien avec les egyptiens) ne me tente pas non plus. Merci bien.
Tentative numéro 5 : la bibliothèque d'un centre tout neuf
Sur
internet, il existe pas mal de sites qui recencent les différentes
offres de bénévolat disponibles dans la région. Sur l'un d'entre eux, je
suis tombée sur une offre passée par une bibliothèque neuve dans un
centre lui même neuf. L'offre était alléchante, l'endroit organise
beaucoup de soirées et rencontres avec des auteurs.
Les plus : un bâtiment neuf, beaucoup d'activités.
Les
moins : le centre se nomme "Billy DeFranck Lesbian and Gay Community
Center". Les américains prennent très au sérieux tous leurs engagements.
Tous les bénévoles sont gays ou gayfriendly. Pas que je sois contre les gays, loin de là, mais être bibliothécaire ne me
paraît pas suffisant comme critère pour être bénévole dans ce centre. Même si le "Drag Queen Bingo" du 3ème
mercredi du mois est tenant, je passe mon tour.
Bilan
Je m'en tiens au numéro 1. Après des semaines de recherches, mes
critères sont devenus beaucoup moins sélectifs. "Fréquenter des français
serait trop dommage" est devenu "je veux parler à quelqu'un d'autre
qu'un caissier de supermarché". Va pour les français.
Ma pauvre! Tu vois bien que nous sommes les meilleurs! Cela restera une expérience,bonne chance! Bisous à vous deux! Aline.
RépondreSupprimerJe ne dirais pas que nous sommes les meilleurs, c'est différent, voilà tout.
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